Les Musées Nationaux Récupération (MNR)

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, environ 60 000 objets d’art ont été retrouvés en Allemagne et sur le territoire du « Troisième Reich », puis récupérés et renvoyés en France. Sur ces 60 000 objets, 45 000 biens spoliés ont été restitués à leurs propriétaires jusque dans les années 1950 par la Commission de récupération artistique ; sur les 15 000 restants non réclamés, 13 000 ont été vendus par l’administration des Domaines, les 2 000 autres constituent ce que l’on appelle aujourd’hui les MNR (Musées Nationaux Récupération).

Tous les MNR ne sont pas des œuvres ou objets spoliés. En effet, certaines œuvres et objets ont été vendus sur le marché de l’art pendant l’Occupation par des propriétaires qui n’étaient pas menacés ou persécutés et de nombreuses pièces commandées par les Allemands figurent aussi dans cette catégorie.

Les MNR sont classés en différentes catégories selon les informations connues :

1. Œuvre assurément spoliée :

- restituée ou en cours de restitution

- propriétaire inconnu en l'état des recherches actuelles

2. Œuvre probablement spoliée, en l'état des recherches actuelles

3. Œuvre assurément non spoliée

4. Œuvre probablement non spoliée, en l'état des recherches actuelles

5. Œuvre dont l'historique est incomplet entre 1933 et 1945, en l'état des recherches actuelles

Les MNR ne sont pas la propriété de l’État ni des collectivités territoriales. Ainsi, les musées nationaux et les musées territoriaux qui les abritent en leur sein n’en sont que les gardiens dans l’attente d’une restitution. Tous les MNR n’étant pas des biens spoliés, ils ne sont donc pas tous restituables.

Une recherche « proactive » depuis 2013

En parallèle aux demandes de restitution déposées par les familles, l’État à travers le Ministère de la Culture ainsi que les musées dépositaires continuent la recherche afin de déterminer la provenance des biens.

Les MNR confiés au musée des Beaux-Arts de Chambéry

Au musée des Beaux-Arts de Chambéry, trois tableaux portant le sigle MNR ont été déposés successivement en 1960 et en 1962. Ces œuvres à l’historique incomplet et dont la provenance reste inconnue sont toujours en quête de leurs propriétaires légitimes ou de leurs ayants droits. Sur les trois tableaux, deux sont aujourd’hui exposés au 2e étage du musée et identifiés par les visiteurs grâce à un texte explicatif.

Saint François-Xavier (?) bénissant les pestiférés
Saint François-Xavier (?) bénissant les pestiférés :
Saint François-Xavier (?) bénissant les pestiférés, XVIIIe s., (attribué à) Giovanni Domenico Lombardi, huile sur toile

Saint François-Xavier (?) assistant les pestiférés est une huile sur toile datée du 18e siècle et attribuée depuis 1977 au peintre Giovanni Domenico Lombardi, originaire de Lucques en Toscane.

Le tableau, de composition triangulaire par la position des pestiférés, représente à droite un saint, nimbé, tenant un crucifix et donnant la bénédiction à un malade souffrant allongé sur un lit. Il est aidé d’un prêtre se tenant près de lui, tenant les Saintes Écritures et un goupillon. Du ciel, se dégage la lumière céleste. Plusieurs figures angéliques sortent des nuages : un angelot tient un encensoir, un autre, un calice.

Jusqu’à présent, le sujet de ce tableau n’a pas été encore clairement identifié. En effet, l’identité du saint représenté ne fait pas l’unanimité. S’agit-il de Saint Nicolas de Bari, Saint François-Xavier ou encore Saint Charles Boromée, le mystère reste entier. Le saint pourrait être un jésuite, un théatin ou un barnabite.

Historique :

Le 6 juillet 1944, le docteur Herbst achète ce tableau à Paris pour la salle des ventes Dorotheum de Vienne. Ce tableau est revendu le 29 juillet 1944 pour le musée de Linz (Autriche), projet muséal imaginé par Adolf Hitler. À la fin de la guerre, après avoir été transportée à Aussee (Autriche), puis en Munich, la toile est rapatriée en France en 1947 à destination du siège de la commission de récupération artistique.

L'arrestation du Christ
L'arrestation du Christ :
L'arrestation du Christ, première moitié du XVIe siècle, (attribué à) Maître du retable des deux saints Jean, peinture sur bois
tableau de la flagellation
tableau de la flagellation :
La Flagellation, première moitié du XVIe s., (attribué à) Maître du retable des deux saints Jean, peinture sur bois

L’arrestation du Christ et La Flagellation, deux panneaux datés de la première moitié du 16e siècle, sembleraient constituer la prédelle (partie inférieure) d’un retable. Ils sont attribués au Maître castillan du retable des deux Saint Jean conservé au Musée du Louvre.

Sur le premier panneau, entouré de plusieurs soldats, le Christ est au centre de la composition, vêtu d’une longue tunique noire. Il guérit Malchus agenouillé devant lui qui vient de se faire couper l’oreille par Pierre, représenté l’épée à la main. Un soldat derrière le Christ tient une lanterne, un autre devant lui tient une corde qui est à son cou.

Sur le second panneau représentant La Flagellation, le Christ, revêtu uniquement d’un pagne, se dresse devant une colonne, les mains liées derrière le dos, et semble recevoir les coups de face ; trois soldats lui administrent le châtiment ; un quatrième assis est occupé à lier un faisceau neuf.

Historique :

Le 19 septembre 1941, Maria Almas Dietrich, marchande d’art originaire de Munich et proche d’Adolf Hitler, achète à Gustav Theodor Rochlitz ces deux panneaux. Par la suite, elle les échangera contre une œuvre de Camille Pissaro, le 28 octobre 1942 à l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR), qui œuvre dès le 15 juillet 1940 aux confiscations de biens appartenant tout particulièrement à des familles juives.

L’une de ces œuvres a appartenu à votre famille ?

Contact :

Direction des musées de Chambéry

Place du Palais de Justice

73000 Chambéry

Téléphone : 04.79.33.75.03

Mail : a.coca@mairie-chambery.fr

Adressez également votre demande à :

  • Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945

=> contact.m2rs@culture.gouv.fr

  • Commission pour la restitution des biens et de l’indemnisation des victimes de spoliations antisémites (CIVS)

=> renseignement@civs.gouv.fr

Vous trouverez toutes les étapes de la demande de restitution ou d'indemnisation en cliquant ici.