Histoire du site Vetrotex

Dernière mise à jour le jeudi 11 avril 2024

De 1950 à 1975, un développement exceptionnel

Les rives de la Leysse abritent au nord de la ville celle qui fut longtemps la plus importante entreprise du bassin chambérien : l'usine A du Verre Textile.
Le 1er janvier 1950, la Société du Verre Textile ouvre à Chambéry le long de la Leysse une usine de fabrication du fil de verre. Cette implantation est l'aboutissement de recherches conduites dans les usines de Rantigny dans l'Oise puis au bord de l'étang de Berre.

L'usine A au bord de la Leysse © Photo Archives Saint-Gobain

Une étude très sérieuse a précédé le choix chambérien : la ville est pourvue d'une main d'oeuvre abondante et de bonne qualité, elle est entourée de centres industriels, notamment textiles, importants, à proximité de Lyon, Grenoble, de la Suisse et de l'Italie, elle est bien alimentée en force motrice électrique et elle dispose de locaux vides existants, ceux de la société SIV, fabrique de roulements à billes filiale de Fiat.

Une des multiples applications du verre textile © Photo Archives Saint-Gobain

Une des multiples applications du verre textile © Photo Archives Saint-Gobain

La Société du Verre Textile prend son essor après 1955, à partir du moment où elle sait fabriquer et mettre en oeuvre une gamme de produits de renforcement de matières plastiques (ou matériaux composites) dont les applications sont multiples : industrie du bâtiment, de l'automobile, de la décoration, des loisirs (skis, tôle ondulée, tuyaux citernes, pièces pour véhicules...).

Le 2ème laboratoire de recherches du monde

Très vite, une autre usine (dite la verrerie, usine B de production de billes) est construite dans la zone du Grand Verger et dès 1958, la Société se dote, à proximité de l'usine A, d'un centre de recherches dont les buts sont de perfectionner pour toutes les usines du groupe les procédés de fabrication et de rechercher les secteurs de développement.
En 1964, une première extension est apportée à l'usine A avec la construction d'une passerelle de filières à billes qui augmente sa capacité de plus de moitié. Au début des années 70, la Société du Verre Textile construit une nouvelle usine à Bissy (usine de fusion directe dite C) puis agrandit l'usine A sur les terrains des anciens abattoirs pour y installer un nouvel atelier de finissage textile.
La Division du Verre Textile de Saint Gobain industries est alors la plus importante entreprise de l'agglomération : en 1975, elle compte environ 1 800 employés dont 750 dans l'usine A (fibrage et finissage). La moitié de ces ouvriers, employés, agents de maîtrise ou cadres habitent Chambéry mais on vient travailler au «Verre» de tout le bassin chambérien voire même d'au-delà car, en dépit de conditions de travail difficiles, l'entreprise assure de bons niveaux de salaires et offre de nombreux avantages sociaux. L'ensemble des employés forme un peu une grande famille dans laquelle règne l'esprit «du Verre».

L’extension de l’usine A en 1972 sur les anciens abattoirs - Archives municipales de Chambéry - 1 O 50 - © Archives municipales de Chambéry
Les usines européennes de la division verre textile de Saint Gobain Industries fabriquant du verre textile en 1971 :
  • Herzogenrath (Allemagne)
  • Besana Brianza (Italie)
  • Alcala de Henares (Espagne)
  • Chambéry (France) qui abrite aussi le CERE le plus important d'Europe, le 2e du monde.

De 1975 à 2005, les années difficiles

A partir de 1974, le premier choc pétrolier entraîne une crise économique générale à laquelle le Verre Textile n’échappe pas, notamment en raison de ses liens avec l’industrie automobile.

Alors que la région chambérienne s’était habituée à une entreprise prospère investissant et embauchant beaucoup sur place, elle la découvre soudainement confrontée à une situation inquiétante et incertaine. Dorénavant, la concurrence est mondiale et, dans ce contexte, l’usine A, dont le procédé date, est peu compétitive.
Désormais, le Verre Textile doit lui aussi baisser les coûts, adapter la production aux ventes, limiter les investissements. Attaché au site de Chambéry, il tâche de le faire avec des moyens socialement acceptables : pré retraites, aides au départ, à la création d’entreprise… En dix ans, de 1978 à 1987, l’entreprise passe de 1 650 salariés à 1 000 et en 1980, elle devient une filiale dépendant entièrement de Saint- Vetrotex Saint-Gobain.

VETROTEX EN 1992

  • VETROTEX INTERNATIONAL
    270 SALARIÉS (direction internationale et centre de recherches)
  • VETROTEX FRANCE
    900 SALARIÉS dans les usines A, B et C

VETROTEX EN 2002

  • VETROTEX INTERNATIONAL
    201 SALARIÉS
  • VETROTEX FRANCE
    650 SALARIÉS
  • CHIFFRE D'AFFAIRES
    de Vetrotex France 110 millions d'Euros

La ville aux côtés de Vetrotex

Devant les enjeux, la Ville de Chambéry organise dès juin 1982 une table ronde à l’Hôtel-de-Ville sur l’avenir de la Société. Puis, dès qu’elle découvre que Saint-Gobain étudie la possibilité de transférer son centre de recherches dans la région parisienne, elle se mobilise aux côtés du Conseil Général, pour convaincre le groupe de renoncer à ce transfert : 200 emplois et l’aura technologique de la Savoie et de Chambéry sont en jeu.

Ces discussions aboutissent aux accords du 4 juin 1987 signés entre la Ville, le Département et Vetrotex Saint-Gobain en vue de la création d’un nouveau centre de recherches pour l’ensemble de la branche fibres de renforcement. «Conscients que le maintien à Chambéry du 2e centre mondial de recherche de matériaux composites employant plus de 200 scientifiques est une nécessité pour l’avenir scientifique, technologie et universitaire de toute la Savoie, la Ville et le Conseil Général affirment leur volonté de mobiliser des moyens conjoints sur une longue période pour faciliter l’implantation d’un laboratoire nouveau».
Ce nouveau centre de 16 000 m2 est édifié quai des Allobroges sur les plans du cabinet grenoblois Arnod-Chabal-Marty en 1988 par la Ville de Chambéry qui le vend en crédit-bail sur 15 ans à Vetrotex. Elle apporte aussi à la Société de 1989 à 2003 une aide indirecte d’environ 2 millions de Francs (près de 305 000 €). De son côté le Conseil Général intervient à hauteur de 480 000 F/an sur 5 ans (soit plus de 73 000 €/an) et s'engage à fournir pendant 15 ans une partie des kilowatts que lui réserve EDF.

Depuis 2005, la reconversion de l'usine A

Au début des années 2000, l’usine A est la dernière usine textile à rester en Europe en fusion à billes. A cause de sa technologie dépassée et de la concurrence asiatique, elle tourne à 25 % de sa capacité de production en 2003. On y fabrique alors surtout du fil fin pour l’électronique et notamment la téléphonie.
Néanmoins, même si sa fermeture est inéluctable, le lien entre Saint-Gobain Vetrotex France (nouvelle appellation en 2001) et Chambéry est tel que le groupe va retarder l’échéance le plus possible et éviter les licenciements secs. Dans le même temps, il multiplie les signes de bonne volonté dans ses deux autres usines pour rassurer les Chambériens sur le fait qu'il n’abandonne pas la ville.

Annoncée en 2004, la fermeture de l’usine A est effective en juillet 2005. Pour les 92 salariés restants, la reconversion a été préparée en amont dans le cadre d’un dialogue social régulier qui a donné lieu à la signature d’un des premiers accords de méthode conclus en France entre la Direction de Saint-Gobain Vetrotex et les organisations syndicales. Tous les salariés ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé et construit conduit par la structure interne au groupe, Saint-Gobain Développement, dédiée à ce type d’actions, avec souvent une formation externe complémentaire.

Un changement majeur survient en 2007 avec la cession des deux autres usines chambériennes Vetrotex et leurs 600 employés à Owens Corning : OCV Reinforcements devient ainsi le leader mondial du renforcement et des composites dans le domaine de l’habitat et de la construction.

OCV : contraction de l’ancien nom Vetrotex avec celui du nouvel actionnaire, Owens Corning.

DEUX USINES :

  • OCV CF : OCV Chambéry France (usine de production), et
  • OCV CI : OCV Chambéry International, le seul centre de recherches européen du groupe.